BIM et information géographique : Esri et Autodesk s'unissent à Las Vegas
L’éditeur américain de logiciels pour la conception architecturale notamment, Autodesk, vient de signer un partenariat stratégique avec Esri, spécialiste des systèmes d’information géographique (SIG). Le responsable communication technique d'Esri France, Gaëtan Lavenu, détaille les changements que va impliquer cet accord.
Propos recueillis par Julie Nicolas
Le 15 novembre à Las Vegas (Etats-Unis) où se tenait l’Autodesk University, l’éditeur de logiciels américain a annoncé la signature d’un « partenariat stratégique » avec Esri, groupe spécialisé dans l’information géographique. Ce partenariat vise à rapprocher Building information modeling (BIM) et Système d’information géographique (SIG). Gaëtan Lavenu, responsable communication technique chez Esri France précise la portée et les objectifs de ce partenariat pour Le Moniteur.
Le Moniteur : Quel est l’objectif de ce partenariat entre Esri et Autodesk ?
Gaëtan Lavenu : Ce partenariat stratégique va permettre une meilleure collaboration des équipes d'Autodesk et d'Esri pour améliorer les échanges et simplifier les liens entre les plateformes. Il s'agit d'améliorer les connexions entre les données spatiales et attributaires gérées dans nos SIG et les informations des modèles BIM 3D d'Autodesk.
Rappellons qu'un Système d'information géographique (SIG) sert à collecter, à gérer et à analyser des informations géolocalisées. Pour cela, les SIG disposent de capacités spécifiques dédiées à l'intégration et à l'analyse de cette dimension spatiale de l'information. Un SIG permet ainsi de croiser de multiples couches cartographiques de diverses origines pour mieux connaître un territoire, comprendre des phénomènes, gérer un patrimoine en prenant des décisions qui intègrent la dimension géographique. En France, les collectivités de plus de 20 000 habitants disposent toutes d'outils SIG.
Quand entre-t-il en vigueur ?
G. L. : Cette alliance a pris officiellement effet le 15 novembre mais les équipes des deux éditeurs avaient déjà commencé à collaborer autour de différents sujets techniques et stratégiques. Ce rapprochement est envisagé dans une perspective de long terme : l'interopérabilité entre les solutions Esri et Autodesk verra le jour progressivement. Les premières évolutions concrètes devraient apparaître au cours de l'année 2018.
G. L. : Pour les utilisateurs Esri, l'enjeu est à l’intégration plus directe dans les applications de notre plateforme ArcGIS des modèles BIM produits avec Revit, notamment. L'objectif est de disposer de tout ou partie des informations du BIM pour les intégrer, les analyser et les diffuser avec les données métiers (réseaux d'énergie, réseaux de transport, infrastructures et équipements existants, données socio-démographiques, indicateurs économiques, …) issues du SIG. Tout cela aux échelles du SIG, c’est-à-dire du quartier, de la ville, de l’agglomération….
Pour les clients Autodesk, l'enjeu est de pouvoir disposer d'informations pertinentes concernant l'environnement de l'infrastructure pour optimiser les coûts. Cette connaissance du contexte est un élément clé et il s'applique à toutes les phases du cycle de vie du modèle (conception, construction et exploitation).
Que change le partenariat pour les utilisateurs français ?
G. L. : Le fruit de ces développements mutuels sera intégré dans nos différentes applications, comme à celles d’Autodesk. En France, il devrait permettre une plus grande synergie entre Autodesk et Esri France, en particulier pour adresser les besoins de nos utilisateurs communs.
Avez-vous des exemples ?
Dès la phase de conception, un architecte a besoin d'éléments de contexte comme une orthophoto du site cible, les bâtiments existants à proximité, les infrastructures routières, les contraintes réglementaires d'urbanisme ou même des informations d'ordre environnementales ou économiques. Généralement, ces données résident dans un SIG et il est parfois complexe de les intégrer dans des outils de conception BIM. L'accès à ces informations, via des services web par exemple, permettra une connexion plus directe et plus dynamique avec le SIG du commanditaire, les partenaires du projet, les opérateurs de réseaux ou encore les collectivités.
Durant la période de construction, le lien renforcé entre le BIM et SIG peut aussi s'avérer un point clé. Par exemple, à partir des informations de phasage contenues dans le BIM et les données contextuelles issues du SIG, l'utilisateur peut exploiter les fonctions d'analyse de notre logiciel ArcGIS pour optimiser les trajets des prestataires intervenant sur le chantier (travaux de génie-civil, fournisseurs de matériaux, retraits des déchets de chantier,…).
Dernier exemple, une collectivité dont le territoire est concerné par plusieurs projets d'aménagement pourra intégrer plus simplement, dès la conception, certaines informations des modèles BIM dans son SIG. Ceci lui permettra d'estimer et de planifier les adaptations que ces nouveaux aménagements nécessitent en termes d'infrastructures connexes (transports en communs, équipements scolaires, réseaux d'assainissement, éclairages publics, collecte des déchets, ...). Avec une interopérabilité plus directe, toutes les évolutions importantes des modèles BIM pourront être synchronisées avec les bases de données du SIG pour actualiser les analyses et les planifications.
Quels sont les logiciels concernés ?
Il est encore prématuré d'énoncer précisément les logiciels concernés par ce partenariat car les points de synergie technique pourraient concerner plusieurs applications. On peut néanmoins évoquer des travaux de R&D autour d'ArcGIS Pro, de l'application SIG Desktop d'Esri, et de Revit. Coté Esri, d'autres solutions comme ArcGIS Enterprise, notre plateforme qui permet de collecter de l'information géographique, de l'analyser et de la diffuser, pourraient également évoluer vers plus d'interopérabilité avec les outils BIM ou autres d'Autodesk.
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